De Vincent Munier et Laurent Joffrion (France), 52’
Il y a des films qui vous aspirent dans un autre monde. Quand cet autre monde est le nôtre, ce monde naturel fragile et menacé, c’est encore plus fort ! Vincent Munier connaît la valeur du temps, de l’attente et de la patience, a su écouter ses personnages qui chuchotent des mots d’amour pour la nature et tissent des liens apaisés avec les animaux qui l’habitent. Tout, dans le film contemplatif de Vincent Munier et Laurent Joffrion, est un appel à se réconcilier avec la nature : les moments de vie exceptionnels captés par les téléobjectifs, la douceur de la lumière, le montage virtuose qui nous guide avec des rares fils de couleur. Un message d’amour à la nature, un film éblouissant…
De Joseph Serra Mateu (Espagne), vo/st fra, 80’
Kilian Jornet est une superstar dont on pense tout connaître et qu’on découvre soudain avec ses faiblesses et ses fissures. Nous avons commencé ce festival avec Reinhold Messner, sous le signe d’un Everest à bout de souffle, il se referme avec cet athlète étonnant de 30 ans, qui réussit à y écrire une nouvelle page en réalisant une double ascension ultra rapides. Path to Everest de Joseph Serra Mateu nous raconte avec profondeur le chemin de vie qui conduit au sommet de cette aventure. Kilian Jornet, champion sans égal de l’ultratrail, a du mal avec sa notoriété et dit que les gens qui l’adulent ne le connaissent pas. Ce film nous le montre comme nous ne l’avions jamais vu.
De Gonzaga Manso (Espagne), 5’
Quand on parle d’environnement, de climat, de réchauffement, impossible d’oublier que l’heure est grave. Mais le ton peut ne pas l’être : on peut sourire au moment de parler du pire. Le Diable d’or « environnement » est décerné à Let’s go to Antarctica de Gonzaga Manso pour son message léger et percutant : l’effet de serre, lui, ne prend pas de vacances.
De Guillaume Broust (France), 42’
On peut aller se perdre dans une région totalement inconnue du Pakistan et ne pas y perdre son sens de l’humour. Le jury a été séduit par l’humour partagé d’une bande d’amis cosmopolite qui réussit une magnifique ascension et ne sombre pas dans le pathos quand les choses tournent mal. The Pathan Project de Guillaume Broust, improvisé en direct par tous ses acteurs drôles, chaleureux et justes, réussit une prouesse d’équilibre, sous les rafales de l’aventure véritable.
De Jérôme Tanon (France), 52’
Huit compagnons partent skis aux pieds à la recherche de lignes sublimes à tracer dans la neige de montagnes inconnues, tout au fond d’un glacier du Karakoram. Ils en sont revenus avec des images à couper le souffle tourné à près de 6000 mètres d’altitude, où la tension, l’engagement, la peur et le plaisir sont palpables. La réalisation de Jérôme Tanon est à l’écoute des voix de tous les protagonistes et laisse la part belle à la littérature. En urdu, « zabardast » veut dire magnifique. Le jury a été d’accord !
De Zara Balfour et Marcus Stephenson (GB), vo/st, 90’
Quel plus beau regard porter sur les villages reculés de l’Himalaya que celui des enfants qui y sont nés ? Children of the Snowland de Zara Balfour et Marcus Stephenson suit avec délicatesse six enfants ayant grandi dans ce pensionnant de Katmandou, et qui retournent pour la premier fois dans leur village. Ces jeunes adultes extraordinaires ont vécu en quelques années l’évolution de toutes les sociétés confrontées à l’exode rural, et en parlent avec une intelligence lumineuse, qui n’empêche pas l’émotion au moment des retrouvailles avec leurs parents. Children of the Snowland est un modèle de justesse, de sincérité, de respect pour ses personnages. Il méritait, au moins, le Diable d’or « Cultures du monde ».
De Léo Brunel, Loris Cavalier, Camille Jalabert et Oscar Malet (France), 10’
L’animation ne rime pas forcément avec divertissement gratuit. Hors-piste, ce sont des personnages plus vrais que nature, un scénario plein de rebondissements (au propre et au figuré), qui déchire tous les clichés du drame en montagne et des secouristes qui sont censés nous en préserver. Un instant percutant qui nous promène, avec des images aussi belles que si elles étaient vraies, d’un sommet catastrophique à une chute heureuse en passant par un détour, plein de grâce et de surprise, en apesanteur.
D’Eliott Schonfeld (France), 52’
Lorsqu’on lui demande sa profession, il répond sans hésiter : explorateur ! Le fait est que ce jeune homme de 26 ans n’a pas froid aux yeux. Après la Mongolie et l’Alaska (lire page 16 du magazine), Eliott Schonfeld s’est lancé un nouveau défi en voulant traverser en autonomie complète la chaîne de l’Himalaya. Et de se débarrasser au passage de tout ce qui embarrasse. Une marche – et une démarche – vers la décroissance…
De Payam Shadnia (Iran), 5’
Le survivalisme, on le choisit ou on le subit. Contrairement à Eliott Schonfeld (cf. le film suivant) qui se débarrasse volontairement du superflu pour vivre ses aventures en autarcie, cette Iranienne sans le sou fait ce qu’elle peut pour joindre les deux bouts. Pas un plan de trop pour ce petit film, avec un dernier plan surréaliste pour dénouer une bien curieuse énigme…
De Miroslav Dembinski (Pologne), 33’
Vous avez tous vu dans le film-annonce du festival un homme âgé qui s’élance courageusement en parapente et rate son décollage. C’était tellement étonnant que chaque soir, on vous a répété qu’il ne s’était rien cassé. C’est beaucoup mieux : Janusz Orlowski avait 78 ans, il a continué à voler jusqu’à l’Olympe et même au-delà.
Le jury a choisi de décerner le prix du dépassement de soi à un homme qui monte au ciel à 91 ans pour vérifier qu’il n’y est pas encore, en redescend avec le sourire, et montre que l’exploit est plus affaire de désir et de passion que de masse musculaire.
En collaboration avec Payot Libraire
De J.-M. Rochette